La tradition est ce qui est transmis, le plus souvent par la parole.
Nous bénéficions tous de la tradition puisque, dès notre naissance, nos parents nous font bénéficier de tout ce qu'ils ont eux-mêmes appris de leurs parents. Ils y ajoutent leur propre expérience, et nous bénéficions d'une tradition vivante que nous ferons vivre à notre tour, en la transmettant à nos enfants, augmentée de notre propre expérience.
L'écrit n'évolue pas ; il est définitif ; il fixe ce qu'a compris le scribe d'une révélation qui lui a été faite à un moment donné.
Un seul écrit fixe une seule révélation. La Bible est composée de nombreux livres dont chacun fixe une révélation à un moment donné différent. Aucun livre biblique n'est la reproduction du précédent. Aucun livre ne fixe la tradition : la tradition vit grâce à la multiplicité des livres.
Jésus connaît la loi et les prophètes ; il s'y réfère, souvent pour les compléter ou pour les dépasser.
"Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi et les prophètes: Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir" (Matth 5, 17)
"Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon. Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : Aie-pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent de lui pour lui demander : Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! Jésus répondit : Je n'ai été envoyé que pour les brebis perdues d'Israël. Mais elle vint se prosterner devant lui : Seigneur, viens à mon secours ! Il répondit : Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Jésus répondit : Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! Et, à l'heure même, sa fille fut guérie." (Mt 15, 21-27)
Jésus ne choque personne, en répondant aux disciples importunés par les cris de l'étrangère :
"Je n'ai été envoyé que pour les brebis égarées d'Israël."
Au moment où il prononce ces paroles, Jésus évoque une vérité établie : Le Messie viendra sauver Israël, et l’étrangère le sait aussi. Elle accepte sans acrimonie d’être comparée à un chien :
"Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens."
Les enfants de Dieu ne sont que les juifs, les autres sont des chiens !
Inacceptable vérité pour celui qui lit aujourd’hui ce passage d’Evangile ! Banale pour tous, au moment où Jésus parle. Jésus s'appuie sur une vérité banale pour la dépasser et donner satisfaction à l'étrangère. Dieu s'est fait homme pour tous les hommes : il n'y a pas les juifs et les autres : il n'y a que des hommes, tous créés à l'image de Dieu. Jésus s'est fait homme pour l'humanité entière.
Ainsi Jésus qui est la Vérité ose énoncer une contrevérité pour faire évoluer la vérité.
A la semaine prochaine.
Le laboureur te salue.