"Parce que tu m'as vu, tu crois." (Jean20, 29 )
Il est raisonnable de croire à ce qu'on voit. Il n'est pas pour autant déraisonnable de croire à l'invisible. Croire à l'invisible a pour nom la foi. La foi n'est ni raisonnable, ni déraisonnable : elle n'est pas dans le registre de la raison. Elle est don de Dieu : "C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés. Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu." (Eph.2, 8)
Si nous ne croyons pas au Dieu invisible, nous croirons au Dieu visible quand il se montrera.
Thomas n'a pas cru avant de voir. Aucun témoin de la résurrection n'a cru avant d'avoir vu. Les apôtres ont jugé délirants, les propos des femmes qui avaient vu : "Ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas" (Luc 24, 11)
A Thomas, Jésus a dit : "Heureux ceux qui croient sans avoir vu." (Jean 20, 29 ) Il n'a pas dit "Malheureux ceux qui n'ont cru qu'après avoir vu." Il nous dit même de ne pas croire n'importe qui ni n'importe quoi :"Il surgira de faux messies et de faux prophètes, ils produiront des signes grandioses et des prodiges au point d'égarer même les élus, si c'était possible." (Matth 24, 24)
Thomas n'a pas refusé de croire : il a refusé de croire sans voir, sans preuve. "Si je ne vois pas dans ses mains les marques des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas" (Jean,XX,21). Jésus a répondu à sa demande : il s'est montré à lui.
Chacun croit en ce qu'il a vu. Les hébreux ont vu les prophètes dans l'Ancien Testament, ils ont cru aux prophètes. Les chrétiens ont vu Jésus dans l'Evangile, ils ont cru en Jésus. Les musulmans ont vu Allah dans le Coran, ils ont cru en Allah. Les protestants n'ont pas vu Jésus dans l'Eglise temporelle, ils sont revenus aux Ecritures où ils le voyaient, et ils croient au Jésus des Ecritures. Certains n'ont rien vu, ils ne croient à rien. Chacun a vu - ou n'a pas vu - une image différente du même Dieu. Il sera sauvé s'il est de bonne foi, car c'est Dieu qui sauve… , mais pas sans notre confiance.
La foi sauve
C'est Jésus en croix qui sauve tous les hommes, mais il ne peut les sauver sans leur accord. Il les a créés libres, et il les laisse libres. Quand ils refusent leur confiance au nom de la raison, il leur montrera les bonnes raisons de croire, et ils croiront librement.
Pour croire en Dieu, il faut le rencontrer. Si nous ne l'avons pas encore rencontré, nous le rencontrerons lors du rendez-vous qu'il nous a fixé. Il nous a donné le lieu, la porte du paradis (Jean X, 9), mais pas l'heure (Luc 12, 40). Nous rencontrerons Jésus à l'heure de notre mort, à la porte du paradis.
Tous, nous mourrons ; tous nous verrons les cieux ouverts, selon la parole de Jésus :
"Amen, Amen, je vous le dis : vous verrez les cieux ouverts avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du fils de l'homme." (Jean I, 48-51)
Job l'avait pressenti :
"Je sais bien… qu'après qu'on aura détruit cette peau qui est la mienne, c'est bien dans ma chair que je contemplerai Dieu. C'est moi qui le contemplerai, oui, moi ! Mes yeux le verront…"(Job 19, 25-27)
Etienne l'a vu :
" Voici que je contemple les cieux ouverts : Le Fils de l'homme est debout à la droite de Dieu." (Actes 7, 56)
Comme Etienne, nous verrons, et comme Job, nous dirons :
"Je ne te connaissais que par oui-dire, maintenant mes yeux t'ont vu. Aussi, j'ai horreur de moi et je me désavoue sur la poussière et sur la cendre. (Job 42, 3-6).
Dès lors, nous deviendrons tous, fils de Dieu. C'est Jean qui le dit :
"Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous deviendrons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est." (I Jean 3, 2)
Yahvé, Allah, Jésus… et les autres, sont des images du même Dieu. Au moment de mourir, ce n'est plus une image que nous verrons, nous verrons Dieu lui-même.
Ceux qui croient au Christ sans l'avoir vu, doivent faire voir qu'ils croient tous au même Christ, qu'ils sont un :
" Que leur unité soit parfaite ; ainsi le monde saura que tu m'as envoyé. (Jean 17,23)
A la semaine prochaine.
Le laboureur te salue.